Apparue durant le XIXème siècle dans son principe actuel, la boîte aux lettres est indissociable d’un habitat aujourd’hui. Quoi de plus banal que cet objet au fonctionnement des plus simples. Tellement simple qu’il n’a que très peu changé aux cours des décennies, mis à part des mises aux normes pour les dimensions. Pourtant son usage a changé car le monde a évolué et ce, dans plusieurs domaines.
Déjà, en matière de communications. Si certains prédisent la mort du courrier postal à terme avec la révolution des communications électroniques dans toutes ses formes, cette même révolution numérique a également donné une seconde jeunesse aux boîtes aux lettres en les transformant en réceptacles finaux du commerce électronique qui connaît, d’années en années, un essor continu. Des sociétés comme Amazon envisagent d’effectuer des livraisons par drone, mais ce mode de livraison n’est pas approprié dans les zones urbaines denses et dans l’habitat collectif. De plus, dans ce même type d’habitat, la boîte aux lettres individuelle sert de support pour des informations complémentaires, comme un numéro d’appartement, un étage, un numéro d’interphone. Enfin, le processus de dématérialisation des documents est loin d’être achevé et le courrier postal bien que fortement diminué continuera à rester un canal de communication pendant encore quelques années.
Ensuite, en matière sociétale. La mobilité des individus est aujourd’hui un fait qu’il faut prendre en compte. Les gens sont amenés à déménager plus souvent pour suivre un emploi, s’adapter à un projet ou se rapprocher d’infrastructures spécifiques suivant la période de leur vie (crèches, écoles, hôpitaux, maisons de retraite, etc). Ainsi, les logements connaissent des changements plus fréquents de résidents. L’évolution de la cellule familiale est également un élément affectant l’étiquette de la boîte aux lettres. Très souvent, pour des raisons professionnelles ou philosophiques, un couple affiche les deux patronymes. Et il n’est pas rare du fait de la recomposition des familles, d’avoir sur la même boîte aux lettres, les noms des deux conjoints et celui des enfants respectifs qui peuvent avoir un patronyme encore différent. Dans le parc locatif, la colocation rentre dans les habitudes, en particulier dans les zones étudiantes mais pas uniquement. Enfin, l’entreprenariat individuel poussé par un changement du monde de travail peut conduire un résident à héberger une structure et de fait ajouter un nom de société sur sa boîte aux lettres.
Ainsi, le constat est clair : dans un XXIème siècle déjà bien entamé, à l’ère de l’information et du big data, la gestion d’un affichage pertinent sur les boîtes aux lettres est restée telle qu’on pouvait la percevoir il y a deux siècles.